Chers lecteurs,
Aujourd’hui, j’ai envie de parler d’un phénomène de société qui nous touche tous : l’art subtil du rappel.
Non, je ne parle pas du rappel de vaccin (qui déclenche plus de débats qu’un match Barça-Real), ni du rappel de produit dangereux (même si certaines relations mériteraient un avis de retrait immédiat). Non, je parle de ce petit message, cette relance sournoise, cette piqûre de rappel que nous subissons tous dans nos vies modernes.
Vous voyez de quoi je parle ?
• Le rappel bancaire : « Madame, nous avons constaté que votre paiement n’a pas été effectué. »
Ah, vraiment ? Et moi, j’ai constaté que mon compte bancaire ressemble à une station-service en pleine grève : plus rien ne coule.
• Le rappel amical : « Tu n’as pas répondu à mon dernier message. »
Ah, mille excuses, je suis une personne du XXIe siècle avec 72 notifications par heure. Et puis, soyons honnêtes : si je n’ai pas répondu, c’est peut-être un signe divin.
• Le rappel parental : « Tu sais, à ton âge, j’étais déjà marié(e) avec deux enfants. »
Ah, formidable. Et à ton âge, tu savais déjà utiliser un smartphone sans demander C’est quoi un PDF ?
• Le rappel professionnel : « N’oubliez pas que la deadline, c’est demain matin. »
Ah, merci de me le rappeler, vraiment. C’est fou comme j’avais besoin d’une crise d’angoisse express à minuit passé.
Et bien sûr, le plus troublant de tous :
• Le rappel du passé : Ce message d’un membre de la famille disparu de la circulation depuis des années, qui réapparaît soudainement avec un mythique « Salut, comment tu vas ? »
Ah tiens, comme c’est surprenant. Comme un numéro inconnu qui s’affiche sur l’écran, une voix qu’on avait fini par oublier, un nom qu’on n’attendait plus.
Le problème, ce n’est pas tant le message en lui-même, mais tout ce qu’il soulève. Parce qu’il ne vient jamais seul. Il ramène avec lui des souvenirs enfouis, des questions restées sans réponse, et parfois, une douleur qu’on croyait cicatrisée.
Il y a ce moment d’hésitation. Est-ce que je réponds ? Est-ce que je laisse ce message flotter dans le néant, comme ces promesses qu’on ne tient jamais ? Et surtout, pourquoi maintenant ? Pourquoi, après tant d’années, alors que la vie a continué sans toi ?
• Par curiosité ?
• Par remords ?
• Par solitude ?
Et là, on se retrouve face à un choix : rouvrir la porte, au risque de raviver d’anciennes blessures, ou la laisser fermée, au risque de se demander, un jour, si on aurait dû écouter.
Mais rappelons-nous une chose : ce n’est pas parce que quelqu’un revient qu’il mérite forcément de reprendre sa place. Certaines absences durent si longtemps qu’elles deviennent une nouvelle réalité, un équilibre fragile qu’on ne veut plus perturber.
Alors voilà, chers lecteurs, dans cette jungle de rappels incessants, un seul conseil : rappelons-nous aussi de poser des limites. Parce qu’à force d’être rappelés à l’ordre, on risque d’oublier qu’on a le droit d’être un peu… aux abonnés absents.
Allez, sur ce, je vous laisse. Mais n’oubliez pas de commenter, partager… et de me lire la semaine prochaine. Considérez ceci comme un rappel amical.
Avec toute mon ironie affectueuse,
Yasmina REGHAI
#rappelàl’ordre#phénomènedesociété#absences