Extrait de la nouvelle le Temps sourd
J. Paul Sartre disait: « Je sais que je ne rencontrerai plus jamais rien ni personne qui m’inspire de la passion. Tu sais, pour se mettre à aimer quelqu’un, c’est une entreprise. Il faut avoir une énergie, une générosité, un aveuglement… Il y a même un moment, tout au début, où il faut sauter par-dessus un précipice; si on réfléchit, on ne le fait pas. Je sais que je ne sauterai plus jamais. »
Jean-Paul Sartre, La Nausée (1938)
Elle savait qu elle en était amoureuse, mais elle savait également qu’elle ne pouvait plus continuer cette relation toxique où l amour avait cédé la place à la souffrance où le bonheur au malheur. Elle décida donc de le confronter au lieu de fuir et en le regardant droit dans les yeux elle murmura ces mots:
- J’ai envie de continuer, j’ai envie d’arrêter, j’ai envie de te voir, j’ai envie de te fuir, j’ai envie de t’embrasser, j’ai envie de t’éviter, j’ai envie de ton accord, j’ai envie de ton refus, j’ai envie de ton corps comme j’aimerais ne pas en avoir envie….
Mais au lieu de cela, elle lui dit:
- Je crois qu’aujourd’hui marque un nouveau chapitre de ma vie.Aujourd’hui je pense à moi, et je pense à toi. J’ai réalisé qu’on ne peut pas retenir quelqu’un, on peut juste l’aimer. Alors je t’aime. Aussi simplement que cela puisse être. Je t’aime pour ce qui a changé en moi.Je t’aime pour ce qui a changé en toi. Je m’en doutais bien avant, je l’ai toujours su, tu es de ceux dont on tombe amoureuse. Mais il y a cette chose entre nous qui, peut-être, nous empêche d’être simplement des amis. Alors soyons juste nous, avec les choses qui nous ont changé et le temps qui a coulé.Je voulais te remercier de n’avoir jamais abandonné. D’avoir toujours cru en moi. Tu m’as offert l’éternité dans un nombre de jour pourtant limité. Je ne sais pas si nous nous reverrons, ni ne nous reparlerons, et ceci n’attend pas réponse. C’est, je crois, simplement un heureux constat.